MA CHIENNE D'IRLANDE
(DONKEY'S YEARS)
(Préface)
Aidan Higgins
Souvenirs d'une vie
sous forme d'histoire racontée


En souvenir affectueux

Bartholomew Joseph Higgins
1892­1969

Lillian Ann (née Boyd)
1892­1966

Joseph Gustave Moorkens
né à Herentals, Belgique
1897­1952

Niet mijn will, o Heer,
maar de uwe geschiede
Luc, XXII, 42

Genadige Jesus, geef zijne
ziel de eeuwige rust


       Dans le comté de Kildare, les conditions de vie et l'aspect extérieur de la population installée dans les tourbières ou à proximité de celles-ci sont fort peu favorables. De chaque côté des sections du canal qui traversent la tourbière, la terre est divisée en lots de petite taille affermés aux coupeurs de tourbe qui viennent habiter sur place, peu importe si l'endroit est sinistre et inconfortable. Leur première tâche est de creuser dans le talus le plus sec qu'ils peuvent trouver pour y construire une habitation, et celle-ci est si profondément enfoncée qu'on en voit rarement plus que le toit; ce toit est couvert d'un maigre chaume, ou plus fréquemment de minces mottes de tourbe prélevées dans la tourbière, l'herbe vers le haut, de sorte qu'à première vue il s'intègre au paysage qui l'entoure et que le regard pourrait glisser sans remarquer sa présence s'il n'était pas détrompé par l'apparition d'enfants et d'animaux domestiques qui sortent par un trou sur un des côtés et par quelques bouffées de fumée qui s'échappent des nombreuses fissures du toit. Partout on parle la langue anglaise.

Samuel Lewis Esquire
A Topographical Dictionary of Ireland
1837


Je ne désire pas retrouver le monde tel qu'il était quand j'étais enfant. Je ne désire pas retrouver la personne que j'étais dans ce monde. Je ne veux pas être la personne que je suis maintenant dans le monde d'alors.
Alan Bennett


La puanteur de la sensation est pareille à un anesthésique qu'on a rendu visible.
Eudora Welty


Préface

       Dans le relevé de 1654­56, les terres de Ballymakealy, de Tirow et de Sealstown sont décrites comme attenantes « à l'est aux terres de Kildrought, à l'ouest aux terres de Griffenrath, au nord aux terres de Castletown et aux terres de Mooretown, et au sud aux terres d'Ardresse » (Ardrass).
       Selon ce même relevé Possockstown (Roselawn) était à l'ouest des terres de Ballymakealy. Pendant longtemps Griffenrath avait été exploité par les Dongan de Possockstown et il se peut que ce soit pour cette raison que ce domaine ait été ainsi nommé. En 1643­44, pendant les guerres, il fut fait mention d'une protection particulière accordée à Thomas Dongan de Griffenrath, Balligorne et Possockstown.
       Richard Talbot, duc de Tyrconnell, qui acquit les titres d'Allen à Ballymakealy, Tirow et Sealstown, était le frère de Mary, l'épouse de Sir John Dongan de Castletown et Possockstown, et avait donc tout particulièrement intérêt à acquérir les terres attenantes de Ballymakealy.
       Les terres de Richard Talbot furent confisquées à la suite de la défaite des Jacobites et de sa mort au siège de Limerick, mais sa veuve, Frances, comtesse douairière de Tyrconnell, parvint à établir ses droits sur les terres de Ballymakealy, de Sealstown, de Tirow et d'Oldtown car elles avaient été inclues dans son douaire.
       Bartholomew Vanhomrigh acheta Ballymakealy et Oldtown et dut se résigner à permettre à la duchesse de conserver les terres tant qu'elle serait vivante.
       La duchesse survécut à tous les Vanhomrigh et mourut en 1730, à l'âge de quatre-vingt-douze ans.
       La maison appelée Springfield fut certainement construite par John Clarke, lequel, en 1763, octroya à John Franklin, originaire de Springfield, « Toutes les portions de terrain de Ballymakealy, de Saltstown et de Tirow contenant la section 70A-3R-7P, Irish Plantation Measure, y compris la portion récemment occupée par Monsieur Richard Hawkshaw, de même que la portion récemment entre les mains de John Clarke, le tout étant égal à la portion accordée à John Clarke par William et Katherine Conolly, à l'exception de 40A-3R-3P, qui est affermée à Denis Tilbury (aujourd'hui à T. Tyrrell), y compris la maison d'habitation et tous les autres édifices et bâtiments sur les terres susmentionnées ».
       John Franklin vendit ses titres à Richard Phillips du 2nd Regiment of Foot pour la somme de £284­3­3. En 1780 Richard Phillips épousa Dorcas Shepherd, fille du Révérend Samuel Shepherd, vicaire de Kildrought et, deux années plus tard, afferma les terres à Richard Baldwin Thomas de Dublin: Ballymakealy, Saltstown et Tirow, qui portaient alors le nom de Springfield, selon un bail du 15 septembre 1763, et pour trois vies avec renouvellement perpétuel, pour un fermage annuel de £80.
       La propriété était alors décrite comme « Toute la partie connue sous le nom de Springfield avec la maison d'habitation, les édifices et bâtiments construits dessus et contenant la section 70A-3R-7P ».
       À partir de 1780, de nombreux propriétaires se succédèrent à Springfield. À Monsieur Nicholas Archdall, succéda Thomas Long, membre de la famille dublinoise de constructeurs de voitures, qui, en 1801, afferma à James Langrishe et à ses héritiers « toute cette portion des terres de Springfield contenant 47 acres avec la maison d'habitation et les bâtiments attenants par un bail comparable à celui de Thomas Long, pendant les vies de Christina Clarke, née Finey, fille de George Finey et épouse de John Clarke, de Williamina Baillie épouse d'Arthur Baillie et de Miss Catherine Clarke fille unique de John Clarke si elle leur survit ».
       Plus tard Catherine Clarke épousa Richard Nelson et ils gardèrent leurs titres sur Springfield jusqu'à ce que le domaine fût acheté par le comte de Leitrim.
       En 1806, le Révérend James Langrishe, archidiacre de Glendalough, loua la propriété à Francis Walker de Elm Hall, Celbridge. Dans l'annuaire Pigotts de 1824, le Capitaine John Bradshaw de Springfield est cité comme étant un des gentilhommes de la région de Celbridge. En 1833 il loua la maison d'habitation et les bâtiments attenants, ainsi que 33 acres, à James Williams. À Williams succéda John Thomas Haughton, fils de feu Jeremiah Haughton des Celbridge Woollen Mills. Il s'y installa en 1845 et était propriétaire de la maison, des bâtiments attenants et de deux pavillons de gardien avec 52 acres de terrain. À Jeremiah Haughton succéda John J. Langrishe, qui mourut avant 1889, date à laquelle, selon les registres cadastraux, son épouse, Maria Langrishe, était propriétaire.
       Mrs Langrishe mourut en août 1898, dernier membre de la famille à vivre à Springfield puisque le contenu de la maison fut vendu par enchères publiques en octobre 1898.
       Les occupants suivants furent le Major Hamilton, le Capitaine Mitchell, le Capitaine Richard Warren et Monsieur Bart (« Batty ») Higgins, lequel vendit à Matthew Dempsey en 1940.

« Springfield in the Townland of Ballymakealy »,
Lena Boylan, The Celbridge Charter.

 

Traduit de l'anglais par B. Hoepffner