Epistle from Mrs. Yonge to Her Husband

Lady Montagu

Think not this paper comes with vain pretense
To move your pity, or to mourn th' offense.
Too well I know that hard obdurate heart;
No softening mercy there will take my part,
Nor can a woman's arguments prevail,
When even your patron's wise example fails.
But this last privilege I still retain;
Th' oppressed and injured always may complain.
       Too, too severely laws of honor bind
The weak submissive sex of womankind.
If sighs have gained or force compelled our hand,
Deceived by art, or urged by stern command,
Whatever motive binds the fatal tie,
The judging world expect our constancy.
       Just heaven! (for sure in heaven does justice reign,
Though tricks below that sacred name profane)
To you appealing I submit my cause,
Nor fear a judgment from impartial laws.
All bargains but conditional are made;
The purchase void, the creditor unpaid;
Defrauded servants are from service free;
A wounded slave regains his liberty.
For wives ill used no remedy remains,
To daily racks condemned, and to eternal chains.
       From whence is this unjust distinction grown?
Are we not formed with passions like your own?
Nature with equal fire our souls endued,
Our minds as haughty, and as warm our blood;
O'er the wide world your pleasures you pursue,
The change is justified by something new;
But we must sigh in silence - and be true.
Our sex's weakness you expose and blame
(Of every prattling fop the common theme),
Yet from this weakness you suppose is due
Sublimer virtue than your Cato knew.
Had heaven designed us trials so severe,
I would have formed our tempers then to bear.
       And I have borne (oh what have I not borne!)
The pang of jealousy, the insults of scorn.
Wearied at length, I from your sight remove,
And place my future hopes in secret love.
In the gay bloom of glowing youth retired,
I quit the woman's joy to be admired,
With that small pension your hard heart allows,
Renounce your fortune, and release your vows.
To custom (though unjust) so much is due;
I hide my frailty from the public view.
My conscience clear, yet sensible of shame,
My life I hazard, to preserve my fame.
And I prefer this low inglorious state
To vile dependence on the thing I hate-
But you pursue me to this last retreat.
Dragged into light, my tender crime is shown
And every circumstance of fondness known.
Beneath the shelter of the law you stand,
And urge my ruin with a cruel hand,
While to my fault thus rigidly severe,
Tamely submissive to the man you fear.
       This wretched outcast, this abandoned wife,
Has yet this joy to sweeten shameful life:
By your mean conduct, infamously loose,
You are at once my accuser and excuse.
Let me be damned by the censorious prude
(Stupidly dull, or spiritually lewd),
My hapless case will surely pity find
From every just and reasonable mind.
When to the final sentence I submit,
The lips condemn me, but their soul acquit.
       No more my husband, to your pleasures go,
The sweets of your recovered freedom know.
Go: court the brittle friendship of the great,
Smile at his board, or at his levee wait;
And when dismissed, to madam's toilet fly,
More than her chambermaids, or glasses, lie,
Tell her how young she looks, how heavenly fair,
Admire the lilies and the roses there.
Your high ambition may be gratified,
Some cousin of her own be made your bride,
And you the father of a glorious race
Endowed with Ch--l's strength and Low--r's face.

Lettre de Mrs. Yonge à son époux

Cette lettre ne poursuit pas le vain espoir
De vous apitoyer, ni ne pleure l'offense.
Je connais trop votre coeur dur et inflexible;
Pas de défense, ici, de la miséricorde,
Les arguments d'une femme ne peuvent prévaloir
Si votre protecteur ne peut donner l'exemple.
Je jouis pourtant encore d'un dernier privilège;
Opprimé, bafoué, on peut toujours se plaindre.
       Trop, trop sévères, les lois de l'honneur ligotent
Le sexe faible et humble de la féminité.
Notre main obtenue par soupirs ou par force,
Trompées par votre art, contraintes par les règles,
Qu'importe la raison qui noue le lien fatal,
Le monde est juge et veut notre constance.
       Juste ciel! (car dans les cieux règne la justice,
Si ici-bas la ruse profane ce mot sacré)
Je fais appel à vous et vous soumets ma cause,
Sans redouter l'arrêté des lois impartiales.
Tout contrat est soumis à certaines conditions;
L'achat est rendu nul, le prêteur impayé;
Les serviteurs floués sont libres de partir;
Un esclave blessé reprend sa liberté.
Pour les femmes maltraitées il n'est point de remède,
Torture quotidienne et chaînes éternelles.
       D'où vient une discrimination aussi injuste?
Ne sommes-nous pas faites de passions comme les vôtres?
La nature a pourvu nos âmes d'un même feu,
Du même esprit hautain, d'un sang tout aussi chaud;
Vous recherchez vos plaisirs dans le monde entier,
Car la nouveauté justifie les changements;
Mais il nous faut - fidèles - soupirer en silence.
De notre sexe vous fustigez la faiblesse
(Tous les gandins bavards le répètent sans cesse),
Or cette faiblesse devrait nous rapprocher
De ces vertus sublimes dont témoignait Caton.
S'il nous fallait vraiment subir un tel destin
Notre tempérament en serait à l'épreuve.
       Et j'ai accepté (oh comme j'ai dû accepter!)
Les crises de jalousie, l'insulte du mépris.
Et lasse, pour finir, je m'éloigne de vous,
Pour placer mes espoirs dans un amour secret.
À l'écart, dans la fine fleur de la jeunesse,
Je délaisse les joies qu'apporte l'admiration,
J'accepte la pension que verse un coeur si dur,
Renonce à vos domaines, vous libère de vos voeux.
À l'usage (bien qu'injuste) il nous faut obéir;
Loin des yeux du public je cache ma faiblesse.
Ma conscience est pure, mais je ressens la honte,
Et je risque ma vie pour ma réputation.
Je préfère de loin cet état peu glorieux
À une vile dépendance envers ce que je hais -
Mais vous me poursuivez dans ma retraite obscure.
Montré au grand jour, mon doux crime est divulgué
Mon affection révélée dans tous ses détails.
La loi vous protège, et de sous cet abri
Vous cherchez ma perte d'une main bien cruelle,
Pourtant, si sévère à l'égard de ma faute,
Vous-même êtes soumis à l'homme que vous craignez.
       À cette femme proscrite, cette pauvre abandonnée,
Il reste encore une joie pour adoucir sa honte:
Votre conduite infâme, notoire et si peu digne,
Fait de vous à la fois mon bourreau, mon prétexte.
Que me damne à jamais la censure des prudes
(Bêtement stupides ou fins et luxurieux),
Ma cause ne pourra que trouver miséricorde
Parmi les gens justes et guidés par la raison.
Lorsque je me soumets à la sentence finale
Les lèvres me condamnent, mais leurs âmes m'acquittent.
       Vous n'êtes plus marié, allez à vos plaisirs,
Savourez les délices d'une nouvelle liberté.
Allez: cherchez l'amitié fragile d'un grand,
Souriant à sa table, présent à son lever;
Courez ensuite à la toilette de madame,
Mentez, comme les miroirs ou les femmes de chambre,
Dites-lui qu'elle est très jeune, d'une beauté céleste,
Complimentez les lys et les roses de son teint.
Votre ambition, sans doute, s'en trouvera comblée,
Quelque cousine à elle deviendra votre femme,
Et vous serez le père d'une race glorieuse,
La force d'un Ch--l, le visage d'un Low--r.

Traduit de l'anglais par B. Hoepffner